La voix de la passion

Waed Bouhassoun chant & oud
Moslem Rahal ney
Compositrice, chanteuse et joueuse de ‘oud, Waed Bouhassoun mène une carrière internationale en concerts solo, ou accompagnée d’un takht (ensemble traditionnel) oriental lorsqu’elle interprète les grands classiques de la musique arabe. Ses deux premiers disques ont été
récompensés par le Coup de Coeur de l’Académie Charles Cros.

Moslem Rahal, compositeur et joueur de ney, un instrument qu’il aime à fabriquer lui-même, est né à Lattaquié. Flutiste reconnu, il est régulièrement invité dans les grands festivals du monde arabe.

Waed et Moslem se sont rencontres au conservatoire de musique de Damas ou ils faisaient leurs études dans la même classe. Ils se sont retrouvés dix ans plus tard alors qu’ils participaient aux concerts de Jordi Savall, lequel fait régulièrement appel à eux depuis 2012. Doués d’une même
sensibilité musicale, ils ont décidé de travailler ensemble sur un répertoire peu et mal connu, celui de la poésie nabatéenne.
La poésie nabatéenne
Cette poésie dialéctale du sud de la Syrie est originaire de Najd, au cœur de l’actuelle Arabie Saoudite. Elle s’est répandue oralement dans toute la péninsule arabique, portée par des bédouins pour qui elle constituait – et constitue toujours – une pratique majeure au sein des rassemblements communautaires, lors de soirées ou la poésie et la musique rythment les échanges sociaux.
L’interprétation de ce répertoire poétique varie d’une région a l’autre, mais s’accompagne généralement du rabab, une viele à pique à une seule corde, de facture rudimentaire et dont la table est en peau. La pratique de ce répertoire reste en particulier très vivante dans la région montagneuse du Djebel druze, au sud de la Syrie. C’est là que Waed Bouhassoun est née, près de Soueida. Son choix de travailler ce répertoire poétique est une façon de rendre hommage à ses racines, elle pour qui la musique qu’elle compose et joue incarne un lien indestructible avec sa terre natale et sa famille. Pour l’interprétation de ce répertoire, Waed Bouhassoun et Moslem Rahal substituent le ney, instrument à souffle continu, au rabab. Un travail de composition qui exige une parfaite connivence entre les deux artistes, pour que s’accordent le timbre rare de la voix de Waed, et celui du ney virtuose de Moslem : un travail à l’écoute l’un de l’autre, pour une création intime et émotionnelle.

1- Ya wahiban/O toi qui donnes – poeme de Jalal-Eddine Rumi (1207 – 1273) musique : Waed
Bouhassoun
O toi qui donnes, qui détiens les mystères de l’univers Toi qui perces tout secret, pourquoi mon malheur Que deviens-je, avec mon âme pleine de douleur Pleine de ce mal qui la torture. J’ai un bien-aime dont l’amour me ronge de l’intérieur Il peut faire de moi ce qu’il souhaite Ce désir qui attise ma douleur Nul savant n’en a jamais parlé

2- Soultan Chant patriotique du Djebel druze, anonyme des années 1930-1940. Membre d’une très grande et célèbre famille druze, Sultan Pacha Al-Atrach (1891-1982) est un héros des luttes d’indépendance de la Syrie. Adulé par sa communauté, il prônait: « La religion est pour Dieu, et la nation pour tous« 
Aujourd’hui, je te salue, toi venu de la tribu des terres fertiles Que s’abatte l’oiseau de la mort sur le traitre à sa patrie Nos héros, toujours en selle, sont des vautours pour les faibles. Ma tribu n’a pas de reproches à me faire
Qu’elle garde ses blâmes pour ceux qui l’ont trahie. Nous avons étanche la soif de nos épées et Nous ne la braderons pas comme un fruit pourri. Si nous ne regagnons pas nos droits perdus Nous ne serons plus dignes de vivre ici. Si la soif de nos épées n’est pas assouvie Nous ne mériterons pas la tasse de café*. Bientôt viendra la fin des nuits de la honte Et la tribu sera fière de Sultan, son chef.
* La tradition veut que la tasse de café offerte soit un signe de bienvenue

3- Solo de ney, traditionnel de l’ouest de la Syrie.

4- Ilahi , ancien chant soufi Turc & Muwashah Zal Ahyaf (Syrie) compose par Omer elbatsh

5- Al-Chrougui, Al-Hejaini, Al-hida’, Al-Jawfiyya, Suite de poèmes nabatéens.

6- ‘Al maya, ‘Al maya – Chanson traditionnel de Syrie A la fontaine, a la fontaine, rapporte l’eau du puits Jeune fille, j’ai soif, donne-moi a boire, je t’en supplie. Ses yeux ! Oh ! Ses yeux ! Des yeux de gazelle, ses yeux ! Un battement de ses paupières Et mes entrailles sont toutes retournées.
Sa taille ! Oh ! Sa taille ! Une fleche de choix, sa taille ! Celui qui tentera de l’approcher Je l’enverrai au trépas.
7- A Damas, poème de Qays Ibn al-Mulawwah dit « le fou de Layla » (664 – 688), musique : Waed Bouhassoun.
(Waed a choisi de dédier cette déclaration d’amour du Fou de Layla à la ville qu’elle aime : Damas). Dites-lui que je l’aime toujours Aussi loin soit-elle, jamais je ne pourrais l’oublier
C’est elle qui m’a appris comment l’aimer C’est elle qui, avec ses rayons de miel, a apaisé ma soif Une incarnation divine dans un être humaine
Dieu la vétit de charme, et l’a parée de beauté L’adoration que je lui porte n’a rien a voir avec celle que j’ai pour Dieu Car en l’adorant c’est aussi Dieu que j’adore
8- Asmahan Poème populaire damascene, chant libre d’Asmahan (1918-1944), mis en musique par Farid al Atrache, 1937
Mes chameaux sont charges et leurs grelots tintent Les jours passes me remontent à la mémoire. J’ai
porte ma marchandise et j’ai éssayé de la vendre Mais, étranger, personne n’en a voulu.
Ya ba ya ba ouf (soupir)
9- Improvisation dans le Maqam Bayati Chant traditionnel sur un poeme populaire suivi de Kevoke, danse du nord-est de la Syrie.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Waed_Bouhassoun